• Camille M., Ambassadrice du Mémorial de la Shoah à Paris depuis 2017 :

     

    Je m'appelle Camille M. et je suis Ambassadrice du Mémorial de la Shoah à Paris depuis 2017. Je me suis engagée dans le programme des Ambassadeurs de la mémoire auprès du Mémorial de la Shoah en 2016, alors que j’étais en classe de Première au Lycée Charlemagne.

     

    Même si nous ne sommes pas de confession juive, ma famille a été touchée par la Seconde Guerre Mondiale : un de mes arrière-grands-pères a été transféré en Allemagne dans le cadre du Service de travail obligatoire. Son expérience a été un tel traumatisme qu’il n’a jamais réellement pu en parler.

     

    La transmission mémorielle de l’expérience de la guerre et de l’Occupation s’est faite surtout par mes grands-parents. Vivants tous aux alentours de Nantes, ils se souviennent des bombardements qui ont touché la ville en septembre 1943 alors qu’ils étaient encore de jeunes enfants.

     

    Cette expérience de la transmission mémorielle s’est couplée à l’expérience de l’oubli. Une de mes grands-mères a été atteinte très jeune de la maladie d’Alzheimer, à 55 ans, et elle ne savait plus qui j’étais lorsque j’ai eu 12 ans. Cette perte de mémoire – et d’identité – a été un choc profond. A partir de ce jour-là, la nécessité d’entretenir la mémoire, qu’elle soit personnelle ou relative à des épisodes de l’Histoire, s’est imposée à moi comme une évidence.

     

    Ce sont l’ensemble de ces micro-expériences personnelles qui m’ont animé dans mon désir de m’engager au service de la mémoire, notamment de la Shoah. Je souhaitais pouvoir entretenir cette mémoire en étant une sorte de relai : écouter les témoignages, lire des archives, me rendre sur des sites de déportation pour pouvoir les transmettre à mon tour aux autres, et s’assurer qu’on n’oublierait jamais.

     

    Grâce aux Ambassadeurs de la mémoire, j’ai pu réaliser de nombreuses activités, comme la découverte de lieux de mémoires, à Paris et en province, participer à des commémorations importantes et intervenir lors d’évènements en France et à l’étranger tel que le Forum pour la paix en Normandie et le Forum européen « Civil Society Forum on combating antisemitism and fostering Jewish life », organisé à Bruxelles en Novembre 2022 par la Commission Européenne, pour présenter le programme des Ambassadeurs de la mémoire.

    Eva L., Ambassadrice de la Mémoire du camp de Gurs depuis 2020 :

    Je m'appelle Eva Labat et je suis Ambassadrice de la Mémoire du camp de Gurs depuis 2020. Ma volonté de m’engager dans la transmission de la Mémoire croise le prisme de l’histoire familiale. En tant qu’arrière-petite-fille de déportée et juive, je suis animée par l’histoire de la Shoah. Lorsque mon professeur d’Histoire en seconde m’a présenté ce projet, il a tout de suite résonné en moi.

     

    Lors de la rencontre du réseau des Ambassadeurs de la Mémoire, avec mes camarades, nous avons créé un compte Instagram (@memoire_en_partage). Nous avons représenté des valeurs essentielles comme la résilience et la fraternité à partir de témoignages, de dessins et de lettres d’internés du camp de Gurs.

     

    On a nous avons remporté le Concours National de la Résistance et de la Déportation) en créant le journal fictif d’une adolescente vivant à quelques pas du camp d’internement de Gurs. Notre écrit fait désormais parti de la bibliothèque de Yad-Vashem et du Mémorial de la Shoah.

     

    Être Ambassadeur de la Mémoire est une expérience extrêmement enrichissante tant sur le plan personnel que scolaire. J'ai participé à des projets très différents les uns que les autres qui m'ont permis de m’épanouir et de m’instruire en me donnant des clés essentielles comme la prise de parole en public ou alors la méthodologie de recherche des historiens

     

    Nous sommes Ambassadeurs pour toujours.

    Cela m’a poussé à continuer à m’engager aujourd’hui encore.

    Eliott A.S.R., Ambassadeur du Camp de Gurs depuis 2023

    Je m’appelle Eliott et je suis Ambassadeur de la mémoire 2023 du camp de Gurs. Depuis petit je suis passionné d’histoire, donc quand on m’a proposé de participer au « club mémoire » en classe de Seconde, j’ai accepté sans hésiter. Ce projet aller me permettre d’étudier en dehors de mon cours d’histoire la Shoah, plus précisément dans ma région au travers du camp de Gurs. Le projet avait pour finalité de présenter ce lieu de mémoire au Mémorial de la Shoah de Paris, ainsi que de participer aux cérémonies du 27 janvier, jour anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, en compagnie des Ambassadeurs des autres lieux de mémoire de France. Ainsi en devenant ambassadeur, je me suis engagé à transmettre la mémoire à mes prochains. Pour y parvenir j’ai visité des lieux de mémoire en France et à l’étranger et ai participé à des cérémonies. Mes amis ambassadeurs et moi-même sommes également en train de monter des projets pour sensibiliser à la Shoah au sein de notre lycée, et d’autres encore je l’espère avec le Mémorial de la Shoah.

     

    Ce projet m’a beaucoup apporté d’un point de vue personnel. J’ai en effet développé un meilleur esprit critique et une plus forte sensibilité à l’égard du génocide des Juifs, et plus largement des génocides et des populations opprimées. En plus de m’avoir permis la rencontre avec des gens extrêmement intéressant comme d’ancien déportés, j’ai développé des perspectives pour mon avenir. C’est pourquoi j’invite tout le monde à s’engager dans des projets !

    Lou M., Ambassadrice du lieu de mémoire au Chambon-sur-lignon depuis 2023 :

    Je m'appelle Lou M. et suis Ambassadrice du lieu de mémoire au Chambon-sur-lignon depuis 2023. Originaire du Puy en Velay, j’ai côtoyé, et ce depuis mon plus jeune âge, le plateau du Vivarais Lignon. Très tôt, j’ai découvert le Lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon, et en poussant sa porte, l’horreur de la Shoah. Je me rappelle très nettement ce point de rupture dans mon existence, ce moment où j’ai recueilli un fragment de l’Histoire comme une plaie douloureuse qui ne peut ni ne veut cicatriser. Cette même blessure qui a suscité en moi un fervent intérêt pour l’Histoire et n’a depuis cessé de nourrir mes questionnements.

     

    Au fil des années, il me fut donné d’affûter mon regard et de complexifier mon appréhension des événements. Je le dois en partie à la communauté protestante dont je descends, laquelle croit d’une manière bouleversante en l’Humain et témoigne de cet autre visage de l’Histoire : celui des mains qui se sont tendues, celui des hommes et des femmes qui ont sauvé de parfaits inconnus au péril de leur vie, ces individus que l’on retient sous le nom de « Justes ».

     

    C’est pourquoi lorsqu’au sein de notre lycée, nos professeurs de spécialité HGGSP nous ont présenté le dispositif « Ambassadeurs de la mémoire », celui-ci a éveillé un vif intérêt en moi. J’y ai vu l’occasion de transmettre ce double legs que je porte : celui, douloureux, du souvenir, et celui, lumineux, de la foi en l’Humanité.

     

    Il y a, au cœur de mon engagement, la fervente conviction qu’il est de notre devoir de ne jamais faire le deuil ni banaliser ce que fut la Shoah. Il nous faut défendre la mémoire pour empêcher l’Histoire, autant que possible, de récidiver. Sonder le passé pour éviter à l’humanité de plonger à nouveau dans les travers de la peur de l’Autre, de la haine, de la déshumanisation, fléaux dont elle ne semble pas savoir se libérer.

     

    Mais au-delà de ça, ce projet mené en partenariat avec le lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon, une terre des Justes, m’a aussi permis de dépeindre la victoire vécue de l’altruisme sur la barbarie, du courage sur la violence, du murmure du cœur sur le fracas des balles.

     

    Comme le voulait Simone Veil, la jeunesse s’empare d’une Histoire qu’elle n’a certes pas connu mais qu’elle porte cependant en son cœur. En nous appliquant, grâce à des dispositifs comme celui-ci, à transmettre à notre tour cet héritage reçu, nous prouvons que le temps n’a pas guéri les plaies du passé et que si les derniers rescapés de la Shoah et ceux qui risquèrent leur vie pour les aider s’éteignent peu à peu, leur mémoire, elle, se doit d’être immortelle. Nous n’oublions pas et nous n’oublierons jamais : telle fut la promesse à la racine de mon engagement.

    Sarit B., professeur et ambassadeur du Mémorial de la Shoah de Paris depuis 2023:

    Je m'appelle Sarit B., je suis professeur d'Hébreu moderne et histoire des religions au lycée ORT. Je suis Ambassadrice de l'antenne de Toulouse du Mémorial de la Shoah. Mon lien avec la mémoire de la Shoah a commencé le jour de ma naissance, au moment où j’ai entendu mes parents prononcer mon prénom. Ils l’ont choisi pour rendre hommage à la petite sœur de ma mère, Sarah Rubinovich, assassinée à l’âge de 6 ans à Treblinka, au même moment que la plupart des membres de sa famille.

     

    Il était donc évident pour moi, lorsque j’ai intégré l’équipe pédagogique de l’ORT Toulouse, de m’engager auprès de mes collègues et d’accompagner mes élèves dans leur travail autour de la mémoire. J’ai eu le privilège de participer à l’accompagnement de nos élèves, Sasha et Ema, dans le projet des “Ambassadeurs de la mémoire”.

     

    En 2023, nous sommes parties ensemble aux rencontres des ambassadeurs au Mémorial de la Shoah à Paris. Je garderai des souvenirs inoubliables de ces moments. J’ai rencontré de jeunes gens, impliqués et appliqués, qui consacrent beaucoup de leur temps à approfondir leurs connaissances, afin de ne jamais oublier ce qui s’est passé, transmettre les histoires des victimes, les actes de bravoure et de résistance, les tragédies humaines. J’ai échangé avec des collègues, professeurs, animateurs, expérimentés, passionnés et très professionnels et j’ai découvert l’admirable équipe du Mémorial de la Shoah à Paris et les représentants des hauts lieux de la mémoire nationale.

     

    Pour terminer, nous sommes parties ensemble en Pologne, le pays natal de mes parents, pour visiter le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. Ce voyage était évidemment très dense et chargé en émotions pour nous trois. Ce voyage a confirmé la nécessité de continuer à transmettre nos expériences aux plus jeunes.

    Shadee M., Ambassadrice du Camp de Gurs depuis 2023 :

    Je m’appelle Shadee et je suis Ambassadrice de la mémoire du camp de Gurs depuis 2023. J’ai débuté mon parcours en classe de Seconde, lorsque mon professeur d’Histoire Géographie m’a donné l’opportunité de représenter le camp de Gurs et d’honorer la mémoire de la Shoah.  

     

    Lorsque j’ai appris l’histoire de ce camp où plusieurs milliers de personnes avaient été internées durant la Seconde Guerre Mondiale, j’ai tout de suite accepté la proposition. En effet, j’ai toujours aimé l’histoire et plus particulièrement celle de la déportation et de la Seconde Guerre mondiale, donc le rôle d’Ambassadrice de la mémoire m’est apparu comme une évidence. Ainsi, en m’engageant dans ce projet qui s’étend sur toute une vie, je me suis engagée, à perpétuer la mémoire de tous les Juifs ayant vécu le martyr et l’horreur des camps de concentrations et d’extermination nazis, en rappelant aux nouvelles générations que le peuple Juif, a vécu l’horreur et a subi des actes tous plus violents et inhumains les uns que les autres. 

     

    Mon engagement en tant qu’Ambassadrice de la Mémoire est animé par une volonté de disperser l’ignorance chez les plus jeunes à propos de ce sujet, en leur dépeignant l’histoire de la Shoah et des personnes l’ayant vécue. Devenir Ambassadrice de la mémoire m’a permis de développer mon esprit critique, de faire des rencontres enrichissantes, notamment avec d’anciens déportés avec qui j’ai pu en apprendre davantage sur les conditions de « vie » dans les camps. 

     

    Je suis honorée d’être Ambassadrice et de me voir confier la mission de transmettre la mémoire pour toute ma vie.