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Les élèves de Paris

Voici le compte-rendu des élèves du Lycée Georges Leven de Paris 12e
Etablissement partenaire : Le Mémorial de la Shoah de Paris 4e

Devoir de Mémoire, par Ethan Sagroun

Ce texte reflète les sentiments que j’ai perçus à la suite de mon voyage découverte de la Pologne, de la vie juive qui s’y développait ainsi que de la visite du terrible centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. De cette façon, cet écrit est très personnel.

Le voyage en Pologne. Le voyage le plus marquant de notre vie ? On nous en parle depuis notre entrée au collège. On nous explique et apprend l’histoire de la Shoah depuis toujours. Nous avons une image en tête des camps d’exterminations qui sont le théâtre de la barbarie Nazie. On a beau nous préparer au maximum, lorsque nous arrivons à l’entrée de Birkenau, aucune préparation n’est suffisante. C’est un choc, un sentiment étrange également qui nous envahit. C’est ici dans le plus grand cimetière du Monde que tant d’atrocités ont étés commises. Une incapacité à réaliser la dimension des lieux.

Pour moi deux mots peuvent définir mon impression de Birkenau. Immensité et Silence. Immensité qui servait à entasser les Juifs alors qu’un si petit espace suffisait à les assassiner. Silence lui, qui n’existe que depuis la libération du camp. Comme si ce Silence représentait le choc des Sociétés à la découverte des crimes Nazis. Silence qui laisse sans voix.

Toute la journée fut éprouvante. Des explications sur chacun des lieux que nous visitons. Comme s’il était possible de comprendre ce qui a poussé un Homme à faire ça à un autre homme. Pourtant cela fut, autant qu’il soit difficile à imaginer. Malgré le fait que Birkenau soit réellement le lieu significatif de l’extermination des Juifs, c’est à Auschwitz I que j’ai ressenti le plus d’émotion. Peut-être cela s’explique-t-il par la tombée de la nuit ? Ou bien est-ce le recul que l’on prend sur Birkenau ? Je ne saurai pas répondre. Lorsque l’on marchait dans les allées d’Auschwitz I, les textes de Primo Levi étaient présents dans mon esprit. « Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connait pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain, Qui meurt pour un oui ou pour un non ». Il est très difficile d’imaginer qu’à l’endroit même où nous marchions ce sont d’autres hommes qui empruntaient ce chemin tous les jours depuis leur arrivée jusqu’à leur mort.

Puis nous sommes arrivés à l’entrée de la chambre à gaz d’Auschwitz I. Nous y sommes entrés puis nous en sommes ressortis. A l’intérieur de la chambre à gaz, des traits blancs sur les murs, ce ne sont pas des griffures nous a-t-on dit. Et parmi ces traits, j’aperçois et je lis en hébreu « le peuple d’Israël vivra ! ». C’est une dégradation des lieux certes, mais je vois là une trace d’espoir au milieu de ce lieu si symbolique de la Shoah. Là est la victoire du peuple Juif sur le Nazisme. Ces lieux  devaient rester secrets. Et pourtant nous avons vu. Les lieux parlaient d’eux-mêmes. Quand je suis ressorti de la chambre à gaz, tout ce que j’avais vu auparavant prenait une autre dimension. Je commençais à réaliser. Puis nous commencions une cérémonie d’hommage aux déportés. J’ai eu la chance d’allumer une des six bougies en l’hommage des six millions de Juifs décédés durant la Shoah. Nous avons fait quelques prières puis entamé le chant du soir à ma demande. Je me suis senti « exalté » car le peuple Juif malgré tous ces événements en est ressortit plus fort.

Voilà ce qui a le plus marqué mon voyage de mémoire. Il ne faut jamais oublier pour ne jamais laisser recommencer.

« N’oubliez pas que cela fut, Non ne l’oubliez pas. »

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Dimanche 25 au Mercredi 28 Janvier 2015

Séminaire national

« Les jeunes contre l’oubli »

Par Ruben FARHI, 1°L

Il y a 2 mois et demi, à l’occasion de la Commémoration des 70 ans de la libération des camps, j’eu l’honneur, aux côtés de quelques-uns de mes camarades de 1ère et Terminale d’être ambassadeur du Mémorial de la Shoah de Paris pour le séminaire nommé en cette occasion « Les Jeunes contre l’oubli ».

70 jeunes venus de tout l’hexagone et qui ont entrepris une démarche courageuse, marquant notre solidarité et union dans ces moments de souvenirs, afin d’entretenir la flamme de la transmission sans avoir le souci des origines ou de la religion de l’autre car c’est par le rejet de l’autre que l’Histoire a dû faire face à ses heures les plus sombres.

Aujourd’hui, je ne suis plus Juif, je ne suis plus français, je ne suis qu’un être humain égaré dans un monde fracturé. Fracturé par son histoire, dont la plaie ne fait que se creuser de jour en jour, de mois en mois, d’années en années.

Paradoxalement, être jeune c’est à juste titre porter l’espoir et la responsabilité d’une existence qui n’aurait plus à subir de tragédies telle que la Shoah, là où les générations passées ont échoué.

C’est suite à cette prise de conscience, au retour d’un voyage de mémoire en Pologne où, accompagné de mes camarades de Première, nous nous sommes rendus au camp d’Auschwitz-Birkenau que j’ai décidé de m’impliquer dans ce projet.

Ce n’était seulement qu’une « suite logique » à ce voyage de mémoire, mais un véritable devoir que d’exercer ce qui me semblait être mon « métier d ‘Homme » à cet instant précis, un des grands principes d’Albert Camus qu’il exposera en 1947 dans « La Peste » au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

Souvent nous nous interrogeons sur la présence de D.ieu durant la Shoah, allant parfois jusqu’à s’interroger sur Sa présence en tout temps et toujours actuellement dans ce monde instable. Pourtant, au camp d’Auschwitz Birkenau je n’ai  pu voir que la présence de D.ieu, d’un D.ieu, d’une force supérieure.

Comment imaginer l’action d’un homme derrière ces vitres glaçantes du camp d’Auschwitz 1 où sont entassés des masses de cheveux, des milliers de chaussures, des valises et des objets de culte ayant été la propriété si ce n’est la vitalité d’autres hommes ? Excusez-moi, cela ne m’est pas audible.

Nous sommes des êtres humains, D.ieu par définition est un être divin par conséquent j’ai accepté que jamais je ne saurai. Jamais je ne saurai pourquoi la Shoah eu lieu, pourquoi une nouvelle fois le peuple juif qui atteint son paroxysme avec derrière lui 2000 ans de persécutions en Europe.

Nous connaissons tous la réponse religieuse souvent tirée de la Haggada de Pessah rappelant qu’à chaque génération quelqu’un se lèvera pour nous exterminer.

Après avoir entendu bon nombre de choses je refuse désormais toutes explications d’ordre politique, historique ou religieuse car il faut se rendre au fait que ce monde nous cache des mystères que nous ne pouvons dévoiler et en cela j’accepte ma condition.

Bien sûr, l’homme par souci d’égo ou par simple curiosité avancera toujours des arguments, le propre de l’homme est d’ailleurs de se questionner sur le monde qui l’entoure, à ce titre on ne peut le réprimander !

En revanche, il ne faut pas tomber dans une certaine perversité qui serait une insulte à la mémoire des victimes de la Shoah.

Dans les Pirké Avoth, Maxime des Pères, il est dit :

« Là où il n y a pas d’hommes efforce toi d’en être un »

Cela fait donc place à des interrogations beaucoup plus complexes et douloureuses : Où était l’Homme durant la Shoah ? Comment s’efforcer d’être un Homme au milieu de l’ignominie ? Aujourd’hui encore, cette maxime résonne comme un écho singulier.

À quelques semaines de ce séminaire, l’actualité est tragiquement venue nous rappeler que :

« Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais ». Morts parce que journalistes, libres penseurs, protecteurs de la République et parce que Juifs.

Cela ne nous a pas découragés, bien au contraire, cela nous a rassemblé afin de défendre un idéal d’unité nationale et nos valeurs qui sont inscrites sur nos édifices : Liberté, égalité, fraternité.

C’était un des objectifs principaux des « jeunes contre l’oubli » et nous avons concrétisé cet objectif par une mobilisation de l’ensemble des pouvoirs de la République française : Pouvoir politique, pouvoir idéologique, pouvoir démocratique.

À la suite de l’adoption du message du 70ème anniversaire de la libération des camps, puis la visite du Mémorial de la Shoah de Drancy (qui fût le principal lieu d'internement des Juifs de France avant la déportation vers les camps nazi en Pologne) l’ensemble du Gouvernement au pouvoir été présent en cette journée particulière du 27 Janvier 2015 au Mémorial de la Shoah de Paris.

Symbole fort, montrant que, les actes antisémites pouvant continuer de frapper, nous ne faisons plus face à un antisémitisme d’État, bien que nous restions toujours prudents au vu de la montée foudroyante des extrêmes dans notre pays.

Le soir même, nous étions à l’UNESCO, entourés du Ministre de l’intérieur, Mr Bernard Cazeneuve et de plusieurs ambassadeurs afin de ré affirmer que nous n’oublierons pas et  que nous nous battrons pour que la mémoire de ces hommes, femmes et enfants  morts et encore récemment dans notre histoire, parce que appartenant à un peuple ou une religion ne s’éteigne jamais.

N’ayant pour certain eu le temps de  goûter à la vie.

Ce n’est plus tard que le lendemain, 28 Janvier 2015, que ce séminaire fût clôturé par Mr. Claude Bartolone, Président de l’Assemblée Nationale dans ce Haut Lieu de la République que nous avons pu visiter avant de nous rendre à l’allocution de ce dernier à l’Hôtel de Lassay.

Jamais je n’oublierai ces trois jours qui ont marqué mon existence et ont ancré mes actes vers de nouvelles démarches se voulant humaines, sociales en ayant toujours le souci de la liberté de l’autre dans un monde qui n’en a plus que jamais la nécessité, s’appuyant sur des valeurs démocratiques.

Il nous faut toujours être à l’affût de cette parcelle d’humanité à préserver dont nous sommes les gardiens. Gardiens pour un monde plus juste.

Dans une société qui se veut de plus en plus individualiste, nous pensons souvent à nous octroyer notre propre bonheur avant  celui des autres. Pourtant, comme l’a très justement souligné Claude Bartolone, nous devrions tous être égaux devant le droit au bonheur.

À la fin de ce séminaire, j’ai ressenti un certain vide. Je me rendis alors compte qu’il ne fallait pas attendre chaque 27 janvier pour se souvenir mais que le devoir de mémoire se doit être quotidien.

Comprendre le passé afin d’éclairer l’avenir.

Il faut aujourd’hui faire coexister les cultures et les religions dans un modèle de laïcité dont nous, citoyen français de confession juive sommes les garants depuis 1791.

En ce jour de commémorations du Yom Hashoah, prenons de nouvelles décisions afin que  nous n’ayons plus à entendre ce « plus jamais » qui accompagne bien souvent les deuils dans notre peuple ainsi que les cris de souffrance. Chacun d’entre nous doit être vigilant et préventif.

Fréquemment nous nous demandons ce que les grands dirigeants, ce que la communauté internationale pourrait effectuer afin de mettre fin aux persécutions.

Laurent Fabius utilisait il y a quelques semaines le terme de génocide au sujet des Chrétiens d’Orient persécutés au moment même où je vous parle du simple fait de leur appartenance à une religion, comptant déjà 2 millions de morts, alors qu’est encore gravé dans nos esprits le génocide des Tutsis au Rwanda il y a 21 ans.

Compte tenu de notre histoire, celle de notre peuple, de notre conscience collective et personnelle ainsi que l’événement qui nous réunit, nous ne devons et nous ne pouvons rester indifférents. C’est avant tout à nous d’agir face aux événements actuels, chacun selon les moyens dont il dispose.

Le Président de la République déclarait à la Maison d’Izieu le lundi 6 Avril dernier : « La barbarie n’a pas d’âge, pas de couleur, pas de limite ».

Il est vrai, Yom Hashoah est une journée à la mémoire des victimes du génocide des Juifs mais également une journée qui doit nous porter à une réflexion sur tous les autres génocides et toutes les autres formes de barbarie. Il suffit parfois simplement de tendre l’oreille au monde qui nous entoure.

Le dernier crime que nous pourrions commettre, celui même que les nazis avaient pour but de terminer en ayant la volonté de détruire toutes les traces de ce génocide, ce serait d’oublier que cela fût et que 6 millions d’Hommes y ont laissés leur vie.

Il nous incombe à toutes et à tous, croyants ou non croyants, pratiquants ou non pratiquants de transmettre la mémoire de la Shoah.

Cela me fait d’ailleurs penser à une prière « lédor vador », de «génération en génération».

Alors que de plus en plus de négationnistes font surface dans notre société et viennent porter atteinte à la flamme du souvenir et que les rescapés ont pour la plupart disparus, nous devons faire de la transmission un combat permanent. Nous sommes les gardiens de cette flamme du souvenir pour les générations à venir.

Dès aujourd’hui, disons NON à toutes formes d’intolérance, de racisme et d’antisémitisme qui ont vu notre histoire porter ses heures les plus sombres.

Condamnons toutes ces paroles et tous ces actes avec fermeté et ré affirmons avec force comme cela a été le cas il y a 2 mois et demi que :

« Les cendres d’Auschwitz et des camps nazis, les fosses communes, les nécropoles, les mémoriaux ne sombreront jamais dans l’oubli ou l’indifférence »

« Nous jeunesse de France faisons le serment d’œuvrer pour que les générations futures soient épargnées de nouveaux drames ».

Ce message s’adresse bien entendu à chaque individu.

Parce que nous sommes Juifs, parce que nous sommes français, parce que nous sommes la République et que nous en incarnons les valeurs les plus fondamentales, cela est notre devoir.

L’humanité est une et indivisible.

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Lettre de Salomé Ayache
Ce soir je ferai mon allocution dans la peau d’une grand-mère qui s’adresse à ses petits-enfants, qui n’est autre que moi-même dans 70 ans. En effet il a été difficile, pour moi de parler en mon nom. Et le fait de me projetter 70 ans en avant, souligne l’importance du devoir de transmission/mémoire.
Paris, le 16 avril 2067
Mes chers petits-enfants, Je tiens à vous parler d’un des moments les plus marquants de ma vie. La visite des camps de la mort lorsque j’avais 17 ans. Si vous saviez comme cela a été dur d’être confrontée à cette période de l’histoire. Ce voyage, je m’y étais préparée depuis que l’on m’avait parlé de la Shoah, je savais que je me devais d’aller en Pologne. Des livres et des films, j’en avais lu et vu… Mais j’étais bien loin de la réalité. Lorsque je suis arrivée devant les portes d’Auschwitz-Birkenau, mon souffle fut coupé et je fus prise de frissons. L’horreur était face à moi. J’étais sur les lieux ou l’enfer était omniprésent. Le récit des anciens survivants prenaient place. Nous avons parcourru ce camp immense et rempli d’histoire. Il a été difficile pour moi d’exprimer ce que j’ai ressenti sur le moment. Je suis restée silencieuse tout le long de la visite. Et je pensais à tous ces juifs et autres persécutés passés par là, persuadés d’être enfermés le temps d’une guerre, mais loin de soupçonner leur véritable destinée. J’ai souvent entendu cette expression « Si les murs pouvaient parler… », je me suis dit que ceux-là me raconteraient l’horreur. J’imagine car je ne peux qu’imaginer. Je pense à eux et à leur histoire qui est devenue la notre. Et je leur dit qu’ils n’ont pas souffert en vain, merci : - merci pour avoir survécu au prix de telles souffrances et de tant d’humiliations, - merci de nous avoir transmis votre vécu, car je sais que cela à parfois été très douloureux, d’autres sont restés dans le silence, qui en dit tout aussi long.
Je me suis alors posée la question : Mais qui sont ces « bourreaux » qui ont été capable d’une telle cruauté envers des humains, tués parce qu’ils étaient juifs. C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Tout cela pour vous dire que nous ne devons jamais les oublier, et que nous devons être ce que j’appel des dépositaires de la mémoire. Nous sommes effectivement la dernière génération à pouvoir rencontrer d’anciens déportés. C’est pour cela qu’à mon tour je vous transmets leur histoire. Vous le ferez aussi, pour que jamais leur vécu ne tombe dans l’oubli. Badinter disait que nous sommes « Les temoins des temoins ». 

Lettre à Albert Camus, par Ethan Sagroun

Monsieur Albert Camus,

Il y a bien longtemps que je songe à vous écrire concernant l’un de vos plus grands succès, La Peste. En effet, le cadre scolaire m’a fait découvrir l’été dernier, le roman qui m’aura le plus marqué tant la réflexion qu’il propose est intemporelle. Lorsque j’ai commencé la lecture de votre œuvre, je vous avoue avoir eu du mal à y prendre du plaisir et je la lisais par pure obligation. Mais dès l’étude du livre commencée, ce sont alors offert à moi tout votre univers et votre perception du Monde que je ne partage pas entièrement. J’ai alors entamé une seconde lecture, bien plus enrichissante que la première !

Tout d’abord le rapport évident entre la peste et la Seconde Guerre mondiale m’a paru très pertinent, d’autant plus que cette page de l’Histoire me touche tout particulièrement. J’ai eu l’opportunité de travailler sur l’idéologie nazie durant mes années scolaires, mais malgré tout, il m’est toujours impossible de comprendre comment un Homme peut passer des paroles aux actes tant ils sont violents.

De plus, la psychologie des personnages comme celle de Paneloux ou Rieux de m’a semblée bien plus facile à percevoir et je comprends à quel point le combat qu’ils mènent, chacun à leur façon, est important dans ce Monde. Tous deux sont aux services des hommes, l’un pour leur salut dans l’autre-monde, et le second pour leur guérison dans ce monde. Cependant on voit bien que lorsque le fils du Juge Otton décède de la Peste, Paneloux est ébranlé et il a lui-même du mal à comprendre pourquoi un enfant est touché. J’ai trouvé cette partie du roman très intéressante puisque la mort d’un enfant, symbole de l’innocence, déstabilise l’Homme dans ses croyances et le laisse en pleine réflexion sur le Monde et les raisons de la vie.

La Peste s’inscrit dans le cycle de la Révolte en réponse à l’Absurde. Qu’est-ce que l’Absurde ? Pour vous c’est la condition de l’homme, le non-sens de la vie. Je ne suis pas de votre avis concernant l’absurde et pense au contraire que si la vie nous a été donnée, c’est qu’une raison existe et qu’il faut lui donner un sens. On peut le trouver dans la religion, dans une cause humanitaire ou bien ailleurs, mais si un homme mène une vie simple constitué de petits plaisirs personnels, la vie vaut tout de même la peine d’être vécue. La recherche du bonheur, est l’une des raisons que l’on peut donner à la vie car « le bonheur est fait de petites choses. On l’attend toujours avec une majuscule, mais il vient à nous avec ses jambes frêles et peut nous passer sous le nez sans qu’on le remarque ».

Les principaux thèmes que vous développez dans La Peste, comme l’Existentialisme ou la Révolte prennent tout leur sens dans le contexte du roman. Comment se comporter lorsque la peste sévit tout autour de soi ? Se retrancher sur soi-même, ou au contraire aider son prochain ? Se comporter comme un héros ou se comporter comme un simple Homme ? Ici, toutes les questions de l’existentialisme font surface, ce sont nos actes qui nous définissent. Je trouve ces questions essentielles et il nous faut nous les poser à chaque moment, afin de savoir si l’on agit en bien ou en mal. C’est d’une certaine manière le début du « métier d’homme ».

Le métier d’homme, est pour moi l’idée la plus pertinente développée dans le roman. Pour vous c’est une réponse à l’absurde de la condition, c’est une Révolte. Mais à travers cette notion, vous exhorter les hommes sans vous en rendre compte à agir pour le bien, à tendre la main vers leur prochain. Dans La Peste, c’est le Dr. Rieux qui à travers sa profession de médecin lutte contre la peste, allégorie du mal, mais il est possible d’accomplir ce devoir de biens d’autres façons. L’instruction de la jeunesse, ou bien encore la transmission de la mémoire sont très importants et servent à forger un monde meilleur. Comme je l’ai dit plus haut, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah sont très importantes pour moi et leurs mémoires doivent rester à jamais gravées dans l’Humanité comme une plaie que l’on tente de refermer. Car au-delà du génocide Juif, la mémoire de ce crime permet de prévenir contre tous les autres crimes de ce type afin qu’ils ne se reproduisent jamais. Afin que le cri de ces 6 millions d’hommes, femmes, enfants et vieillards méthodiquement assassinés, reste à jamais gravé dans l’histoire de l’Humanité comme un cri de désespoir et d’avertissement. Et à ce titre, monsieur, je souhaite citer la dernière phrase de votre roman : « le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. ».

C’est donc sur cette dernière phrase que se clôt La Peste, cette phrase qui sonne elle aussi comme un avertissement pour les hommes et qui les incite à accomplir leur « Métier d’homme » pour la construction d’un Monde meilleur.

Je vous prie d’agréer monsieur, l’expression de mes plus sincères salutations.

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Réponse à Simone Veil par Théo Nataf et Raphaël Vacrate
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Lettre de remerciement à Michèle Sarrabia, par Ruben Farhi
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