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Les élèves du Loiret

Voici la présentation proposée par 6 élèves du Loiret en provenance du Lycée professionnel agricole de Beaune la Rolande et du Lycée Duhamel du Monceau de Pithiviers.

Ces explications sont illustrées par le diaporama en lien ci-dessous.

Nous allons vous présenter l’histoire de la mémoire de ces camps du Loiret, quels souvenirs en avons-nous gardé ? Comment  cette mémoire a-t-elle évolué ? Localement, nous avons pu constater que la mémoire des camps a été très particulière, de part la prise de conscience de la gravité des évènements, qui fut très rapide, dès mai 1946, mais surtout du fait que la population a tout vu, tout entendu, elle a vécu la gravité de la situation. Nous verrons dans un premier temps que dès 1946 jusqu’aux années 70 la mémoire des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande est  localement très vivante alors qu’en France elle émerge difficilement. Nous verrons ensuite que depuis les années 80 la mémoire de ces camps, toujours vivante localement, est devenue plus présente au niveau national.

  1. Une mémoire locale vivante et atypique dès la fin de la guerre.

Pourquoi est-elle vivante et atypique ?

On comprend que ce sont des assassinats dès l’été 1942. Localement, la prise de conscience a été précoce sur  le fait que les Juifs furent assassinés. Dès la fin de la guerre, les rescapés prennent en charge la mémoire des camps.

Lors des cérémonies de commémoration des premiers internements en mai 1946, le Maire de Pithiviers parle déjà d’assassinats.

En effet les habitants furent directement confrontés à l’arrestation et la déportation des Juifs en particulier à celle des enfants notamment pendant la rafle du Vel’ d’hiv. En été 1942, des enfants décèdent, dû au manque d’alimentation et aux conditions de vie misérables. A Pithiviers, les corps ont étés mis dans une fosse commune tandis qu’à Beaune, le docteur et maire Monsieur Cabanis insiste pour offrir une sépulture décente aux enfants décédés dans le camp. La sépulture est placée dans le cimetière, un peu en marge des autres tombes. Ainsi la commune de Beaune enterre dignement ces enfants. Cabanis décède en 1943, les causes de son décès restent inconnues, nous ne savons s’il est décédé d’épuisement ou s’il s’est suicidé. (diapo2)

On a une mémoire locale vivante.

Dès le 19 mai 1946, une plaque commémorative pour les Juifs internés par les nazis est installée à Beaune-la-Rolande mais qui n’évoque que l’internement des Juifs lors de la rafle du billet vert de mai 1941 mais sans mentionner l’internement des familles à partir de la rafle du Vel d’hiv. (diapo3)

Au début des années 50, le Maire de Pithiviers demande l’avis aux déportés survivants sur ce qu'ils aimeraient faire des restes du camp car ces bâtiments font partis de leur histoire. Ils souhaitent que les restes des baraques soient vendus. Une vente aux enchères est organisée suite à leur décision. La paille, les châlits et les baraques, sont donc vendus et se retrouvent chez des particuliers. On retrouve la même vente pour Beaune. (diapo4) Les déportés survivants de Pithiviers, demandent durant cette période qu’une rue en mémoire des événements passés soit réalisée à Pithiviers sous le nom de « rue de l’ancien camp » et souhaitent également que des actions pédagogiques soient menées, afin de perpétuer la mémoire liée à ces camps. (diapo5)

Au cimetière de Beaune-la-Rolande, en mai 1951 a eu lieu une cérémonie sur la tombe des enfants morts dans le camp en présence de Isaac Furmanski, ancien interné survivant du camp d’Auschwitz et secrétaire de l’Association des Anciens Déportés Juifs de France, ainsi que du grand rabbin Kaplan. C’est à ce moment une des rares tombes où reposent des victimes de la Shoah. (diapo6). 

Progressivement des monuments et des plaques sont érigés.

Le 19 mai 1957 la ville de Pithiviers en accord avec l’Association des anciens déportés juifs de France décident d’ériger une stèle où sont inscrits des noms de Juifs internés, ainsi qu’un petit sarcophage en granit noir. Dans celui-ci une urne où des cendres d’Auschwitz ont été déposées  constituant à Pithiviers – aujourd’hui  rue de l’ancien camp- le tout premier monument en mémoire des juifs déportés.  Plus de 3000 personnes assistent à la cérémonie. (diapo7/8)

En 1961 à Pithiviers et en 1963 à Beaune-la-Rolande, les rues longeant les anciens camps ont étés nommés « rue de l’ancien camp » (suite à la demande des survivants) pour Pithiviers et « rue des déportés » pour Beaune-la-Rolande. Cependant nous remarquons que pour Pithiviers l’appellation de la rue symbolise clairement l’emplacement du camp à l’inverse de Beaune-la-Rolande. (diapo9 cérémonie d’inauguration rue des déportés Beaune) 

Une stèle en mémoire des juifs internés  est construite dans les deux villes en 1965. Durant la cérémonie des rescapés sont en costume rayé de prisonnier.  (diapo10)

Une mémoire locale vivante à l’inverse de la mémoire nationale où les camps du Loiret ont du mal à émerger. On peut le voir notamment grâce au film d’Alain Resnais.  

Dans son film « Nuit et Brouillard », la commission de censure décide de masquer le képi du gendarme français surveillant le camp, installé sur un mirador afin de ne pas responsabiliser les français dans la déportation juive. A cette époque l’implication des français, dans le génocide juif, est encore niée. Les historiens ont longtemps cru que la photo avait été prise au camp de Pithiviers or aujourd’hui ils sont quasiment sûrs qu’il s’agit du camp de Beaune-la-Rolande. La photo originelle n’a été rétablie qu’en 1997. (diapo11)  

 2. Une mémoire toujours vivante localement, émergeant lentement en France.

Mémoire locale qui reste toujours plus vivante.

En 1991, la mémoire locale se développe grâce à l’ouverture du Centre d’Etude et de Recherche sur les Camps d’Internement et la déportation juive dans le Loiret. Le Cercil devient un musée en 2011 axé sur la mémoire des Juifs (hommes, femmes et enfants internés dans le Loiret avant d’être déportés du Loiret. La première exposition a été inaugurée par Simone Veil le 15 juin 1991. De plus une plaque commémorative fut installée, en 1992 à l’occasion du 50ème anniversaire de l’internement et de la déportation des enfants. Cette plaque se trouve sur le monument de Pithiviers. (diapo12)

Toutes les baraques ont étés vendues à la fin de la guerre, on en a retrouvé. Elles sont désormais au Cercil. Par exemple, en 2008, les vestiges de la baraque n°4 reconverti en atelier de peinture chez un garagiste ont été retrouvés, démontés et remontés dans la cour du musée mémorial des enfants du Vel’ d’Hiv’. (diapo13)

Mémoire  émergeante au plan national

Progressivement mais difficilement, la mémoire émerge au niveau national :

L’implication de l’Etat Français dans la déportation des Juifs depuis la France a longtemps été masquée, tue dans une France des années 50 et 60 dominée par l’image d’un pays entièrement résistant durant la guerre. Le changement s’opère dans les années 70.

Serge Klarsfeld fait publier le Mémorial de la déportation des Juifs de France en 1978. Les listes, convoi par convoi, des victimes de la Shoah sont pour la première fois publiées. 

Dans l’Express, Eric Conan publie un article en 1990 où il fait part à la population l’existence des camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers ainsi que le sort des enfants.

L’association  des Fils et Filles des déportés  Juifs de France appose une plaque commémorative sur le façade de la gare de Beaune-la-Rolande en 1994.(diapo14)

En 1995 Jacques Chirac reconnait pour la première fois la responsabilité de l’Etat Français dans la déportation des Juifs depuis la France.

Les camps du Loiret apparaissent dans la fiction française

Le film « La Rafle » sorti en 2010, raconte l’histoire de la rafle du Vel’ D’hiv et en particulier le destin de Joseph Weismann qui s’est évadé du camp de Beaune avant d’être déporté. La représentation du camp de Beaune-la-Rolande n’est pas proche de la réalité. Dans une scène les personnes arrêtées lors de la rafle du Vel d’Hiv doivent traverser une forêt pour rejoindre le camp or à Beaune-la-Rolande et ses alentours aucune forêt n’est présente.  (diapo15)

(diapo 16-17-18-19) Dans le film « Elle s’appelait Sarah » sorti en 2010, adapté du roman de Tatiana de Rosnay. Une journaliste américaine, Julia, vit en France et doit écrire un article sur la rafle du Vel’ D’hiv. Ses recherches lui apprennent que l’appartement de sa belle-famille durant la guerre était habité par une famille juive, celle de Sarah. Elle découvre aussi que cette famille à été arrêtée lors de la rafle mais que l’on ignore le destin de Sarah. En cherchant à la retrouver, Julia va voir sa vie bouleversée ainsi que celle de sa belle-famille. Le film suit en parallèle Sarah et Julia. C’est l’occasion d’avoir une reconstitution du camp de Beaune, qui met en avant la proximité du bourg et la présence des champs. L’intérêt du film est aussi de montrer que 70 ans plus tard, les événements touchent encore les familles.